Bol d’Or Mirabaud

Multicoques : la guerre des générations

Après une année blanche, le mythique Bol d’Or Mirabaud a fait son come-back le 12 juin dernier pour sa 82e édition. 439 bateaux dont 33 multicoques étaient en lice sur le Léman pour se disputer la victoire de la plus grande régate en bassin fermé au monde. L’arrivée des nouveaux foilers TF35 sur la course a rebattu les cartes tout en ouvrant le jeu.

Une guerre de générations était annoncée du côté des multicoques. Le Léman et ses conditions capricieuses, de très calmes à très ventées, ont toujours été l’un des moteurs de l’innovation pour les équipages visant la victoire au scratch. Depuis 2004, les Décision 35, fameuses bêtes de course lémaniques, faisaient figure de maîtres quasiment incontestés, remportant chaque édition, à l’exception du millésime 2013, où ils avaient dû s’incliner face à une série typique de ces eaux, le Ventilo M2, en quelque sorte le petit frère du D35. Depuis l’an passé, l’écrasante majorité des propriétaires de D35 sont passés à l’air du foiling et ont pris part au développement du TF35, un nouveau catamaran à foil censé voler à une trentaine de nœuds tout en restant rapide dans le petit temps. Pour la première fois de l’histoire du Bol d’Or Mirabaud, un match allait pouvoir s’engager mettant aux prises bateaux archimédiens et foilers mis au point pour les conditions spécifiques du Léman. Douze Ventilo M2, sept TF35 flambant neufs et deux D35 allaient pouvoir se mesurer pour savoir qui allait tirer le meilleur parti des caprices du Léman. Après plusieurs années de développement, un énorme point d’interrogation subsistait sur les TF35, handicapés par leurs foils dans le tout petit temps, ne pouvant exploiter leurs appendices qu’à partir de six nœuds de vent aux allures abattues.


Les catamarans sans foils sont-ils plus rapides par petit temps ? Oui, tant que les foilers ne volent pas… et il suffit que ces derniers volent 20 à 25 % du parcours pour avoir une chance de l’emporter. A gauche, Emil One, le premier classé des D35.

 

Casse-tête lémanique

Crainte par les uns, souhaitée par les autres, c’est bien la pétole prononcée que prévoyaient les fichiers météo à quelques jours du départ. Dès lors, les jours précédant la course ont donné lieu à toutes les théories du côté des écuries de TF35. Faut-il partir équipé de foils ou de dérives en C ? Quelle configuration de voile fautil embarquer ? Un grand gennaker permettant de booster les performances en dessous de six nœuds, mais à nouveau handicapant une fois le bateau en configuration volante ? Nils Frei, équipier historique du team Alinghi, confirmait ces doutes 24 heures avant le départ : « Si une année doit sourire aux Ventilo M2, ça sera celle-ci », glissait-il. Pour Bertrand Favre, Serie Master des TF35, le choix était également cornélien, mais les risques bien étudiés : « Sur le papier, il est clair que les TF35 sont moins rapides que les D35 dès lors qu’ils ne volent pas. Nous avons fait tourner énormément de routages en nous basant sur toutes les données accumulées sur les D35 au fil des ans, et en avons conclu que, pour arriver victorieux, les TF35 devaient voler environ 20-25 % du parcours. » Challenge accepté, au moment du coup de canon et malgré l’absence totale de vent, les sept TF35 ont unanimement pris le départ de la course en configuration volante.


Juste devant Genève, monocoques et ...

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