Phillip Berman

Contacté par Skype alors qu’il se trouve à Cape Town pour la mise à l’eau du tout premier Balance 482, il apparaît à l’écran comme au détour d’un ponton : affable et intarissable sur sa passion. Lui, le diplômé d’Harvard en philosophie des religions, n’en a qu’une : le multicoque. L’histoire de Phil pourrait inspirer un scénario à Hollywood. Celle d’un livreur de journaux à vélo, qui économise dollar après dollar pour, à treize ans seulement, s’acheter son premier Hobie Cat. Régatier acharné, il va accompagner l’essor de la fameuse marque californienne partout dans le monde. Mieux, il va mettre ses talents d’écrivain au service d’un livre technique intitulé « La Régate en cata de sport ». Dopées par son titre de champion du monde de Hobie Cat 14 en 1979, les ventes de son ouvrage lui assurent de substantiels émoluments. Mais Phil est un garçon sérieux – le sujet de ses études le prouve. Alors il poursuit son instruction jusqu’à haut niveau et établit ses quartiers à Philadelphie. Anne, sa charmante épouse, y était jusqu’à peu Senior Vice President des Philadelphia Eagles, l’équipe locale de football américain.

Mais la passion pour la voile et la compétition est la plus forte. En 2001, Phil crée la société The Multihull Company. Son enthousiasme communicatif et son sérieux attirent des clients du monde entier. Les collaborateurs – une vingtaine aujourd’hui – et les bureaux se multiplient. Autant dire que Phil n’a pas attendu la dernière pandémie pour travailler très souvent à distance.

Mais son véritable accomplissement, il va le trouver en 2013, avec la création de Balance Catamarans. Frustré par une première expérience en Chine rendue difficile par la distance géographique, linguistique et culturelle, il persévère, mais en Afrique du Sud cette fois. Le lieu de son sacre en Hobie Cat : tout sauf un hasard ! Depuis, il ne prive jamais de se rendre dans l’une de ses deux usines – installées l’une à Cape Town et l’autre à St Francis Bay – afin d’y voir les multicoques naître. On ne l’imagine pas forcément… mais Phil ne compte pas ses heures quand il s’agit de détailler à l’architecte naval Anton du Toit et à Mark Delany, le directeur général du chantier, chaque élément du cahier des charges extrêmement précis qu’il a dressé pour SES catamarans. C’est qu’il en a cumulé, des expériences ! Phil a également longuement écouté des navigateurs avant de se lancer.

Il est donc désormais le réalisateur de ses propres catamarans, avec le « final-cut » sur tout, garant de l’équilibre parfait (Balance, en anglais) qu’il veut proposer à ses clients. Avec le succès du 526 et du 482 – déjà une ...