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Numéro : 229
Parution : Mars / Mars 2025
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Présenté comme un scoop, ce projet de boucler le fameux Globe Challenge en multicoque trotte en réalité depuis un certain temps dans la tête du navigateur franco-suisse puisque nous l’avions déjà présenté dans ces colonnes en… 2018. Peu nous importe : le défi est tellement dingue que nous en reparlons volontiers !
On ne peut pas reprocher à Yvan Bourgnon d’avoir de la suite dans les idées : il y a un peu plus de cinq ans, le marin-aventurier avait déjà touché quelques mots quant à son projet de tour du monde à l’envers. Le support ? Rien n’a changé, Yvan avait émis le souhait en 2018 de reprendre le mythique trimaran IDEC, c’est toujours le même support qui séduit le skipper. Précisons que ce multicoque est détenteur aux mains de Francis Joyon du record absolu du Trophée Jules Vernes - le tour du monde dans le bon sens, vous l’aviez compris - en 42 jours. Ce temps de référence a été établi en 2017. Yvan compte bien disposer de ce multicoque en 2026 : « Ce bateau est une machine de guerre, un condensé de technologie et d’ingénierie. Il est conçu pour affronter les pires conditions au monde, et je sais qu’il pourra être un allié de taille pour ce défi exceptionnel. » Pour l’heure, le trimaran de 32 mètres est aux mains d’Alexia Barrier qui se prépare pour une tentative de Trophée Jules Verne avec un équipage 100% féminin.
Yvan Bourgnon n’est pas un candidat comme les autres pour ce type d’exploit – ultra talentueux et dur au mal, il dispose non seulement de l’expertise nautique, technique et météo mais également d’une force de volonté hors-norme. Les seuls freins qui pourraient entraver la volonté du marin ? Peut-être la frilosité de certains partenaires, échaudés par l’enquête en cours concernant des irrégularités financières supposées au sein de son ancienne association The SeaCleaners et les polémiques quant à l’assistance dont il aurait bénéficié en 2017 lors de son passage du Nord-Ouest en catamaran de sport. Miser sur Yvan Bourgnon, exposé à une possible condamnation judiciaire, pourrait être considéré comme un choix à risque sur le plan « business ». Ce contexte ne saurait démotiver le marin de 53 ans qui compte bien mettre à profit cette année 2025 pour rechercher de sponsors et mettre en place une préparation physique et mentale. S’engager sur un projet aussi exigeant ne s’improvise aucunement et Yvan le sait bien : « naviguer contre les vents dans les mers du Sud, c’est comme escalader l’Everest par la face nord : chaque mille parcouru demande une énergie et une préparation hors normes ». Pour Yvan, l’objectif est non seulement de boucler pour la première fois un tour du monde à l’envers sans escale, en solitaire et en multicoque mais également d’établir un temps de référence symbolique inférieur à 100 jours : « si je réussis, ce sera une première mondiale et une nouvelle frontière pour la navigation en solitaire. Mon objectif est clair : montrer que l’impossible peut devenir possible. »
Ce tour du monde consiste à boucler un tour du monde à la voile, en solitaire et sans escale d’est en ouest. Soit 22 000 milles minimum au départ de l’Europe - la ligne de départ et d'arrivée forme une droite entre le Cap Lizard (Grande-Bretagne) et Ouessant (France) - en rasant les glaces du Grand Sud et surtout contre les vents dominants pendant une bonne partie du parcours - descente de l'Atlantique, passage du Cap Horn, du Cap Leewin, du Cap de Bonne Espérance et remontée de l'Atlantique. Rien à voir donc avec un tour du monde « classique », celui de la plupart des grandes courses et records avec des vents le plus souvent portants.
Chay Blyth réussit le parcours en 1970 à bord de British Steel, un robuste monocoque en 292 jours. Mike Golding s’élança à son tour en 1994 et réussit en 161 jours avec son Team Group 4. En 2000, Philippe Monnet réussit la boucle infernale en 151 jours à bord d’Uunet. Jean Luc Van Den Heede bat ce record en 2004 en le portant à 122 jours lors d’une troisième tentative à bord du grand monocoque Adrien… C’est tout ; nous avons fait le tour des trois marins qui ont réussi la conquête en solo et sans oxygène ou presque du Graal ultime.
Quelques autres skippers ont tenté le diable : en 2006, Dee Caffari est la première femme à avoir bouclé ce tour du monde en solitaire à l'envers et sans escale – en 178 jours. Un an plus tard, Maud Fontenoy a pris la mer à bord du robuste monocoque de VDH mais son record a été invalidé car non conforme. Yves le Blevec avec l’ex Sodebo devenu Actual a chaviré au Cap Horn après une rupture structurelle – il s’agit de la première tentative en multicoque. On peut également mentionner la navigation de Romain Pilliard et Alex Pella (même s’ils étaient… deux) à bord de Use it Again ; leur trimaran s’est malheureusement échoué au Chili après un mois de mer.
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