Azyu à Hapatoni

L’hospitalité des sculpteurs

Partis d’Europe à bord d’un monocoque qu’ils ont ensuite troqué pour un multicoque, l’équipage d’Azyu nous écrit du petit village d’Hapatoni, sur l’île de Tahu Ata, aux Marquises.

Sur l’île de Tahu Ata, le village d’Hapatoni a quelque chose de différent, ce qui en fait l’escale favorite de nombre de voyageurs. Croquant à pleines dents une mangue juteuse tout juste arrachée de l’arbre, la pétulante Hinano, 10 ans, entraîne Coline et Erell à la baignade ; nos deux filles sautent du quai en short et tee-shirt. Puis la dizaine de gamins du village lance un cache-cache entre les pirogues motorisées, la bleue, la jaune, la rouge, ou dans les branches épineuses du bougainvillier violet. Durant le confinement, de mars à mai 2020, neuf voiliers sont demeurés ancrés près du village, avec interdiction formelle de poser un pied à terre pendant de longues semaines. Très régulièrement, ils ont tous reçu de la part des habitants de pleins sacs de fruits. Des habitants à qui ils confiaient la liste de leurs courses, leurs cartes bancaires et le code secret afin d’être ravitaillés ! Où existe-til pareille confiance ailleurs dans le monde ? A Hapatoni, ils ne sont qu’une poignée à posséder une voiture. « Une pirogue, c’est beaucoup plus utile et moins cher », assure Jules. « Au lieu d’aller dépenser au magasin, tu pêches ! » Partout où le regard s’accroche, l’image apparaît bucolique : Hélène file la bourre de coco pour fabriquer des cordelettes ; Jules chasse la poule sauvage avec son coq plus ou moins dressé ; celui-ci baigne son cheval dans la mer ; cet autre ramène de belles langoustes ; plusieurs femmes chantonnent en disposant les nonis sur les plateaux afin qu’ils mûrissent ; ceux-là encore sculptent tikis, plats, lances, piques à cheveux… Jules est sculpteur donc, comme sa femme Mirella, comme Kalino, Cyril, Marc et tant d’autres. Ils travaillent le bois, l’os, plus rarement la pierre, et d’autres matériaux étonnants : vertèbres animales, rostres d’espadon, dents de cochon, de cachalot, cornes de chèvre, bois de cerf ! On est subjugué par leur dextérité, leur imagination et la joliesse des finitions. Souvent, ils s’installent le long de l’allée royale, un chemin pavé en 1850 sous le règne de Vaekehu II et dont les majestueux tamanus sont aujourd’hui plus que centenaires.

Qui : Jean-Marie, Gaëlle, Coline et Erell
Où : Hapatoni, Tahu Ata, Marquises
Multicoque : Nautitech 475
www.azyucroisiere.com

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