Free Lance : en Polynésie

"Le village de Bahia de Caraquez, en Equateur, dort encore. Devant les étraves, 3550 milles pour atteindre les Marquises, il y a de la route avant la prochaine escale ! En fin de journée, nous sommes à 60 milles de la côte et nous n’avons vu aucun bateau de pêche, gros ou petit. Le capitaine a choisi la date du départ en tenant compte de la marée, du repos dominical des pêcheurs, et de la lune. Au sud des Galápagos, un jeune fou à bec bleu et pattes rouges vient se poser sur un chandelier. Il tient l’équilibre toute la nuit et repart le matin. Il revient me voir en fin de journée, fait quelques essais d’appontage puis choisit le balcon avant, cette fois. Il surveille tout : le cap, les voiles, les poissons volants. Rien ne peut échapper à sa vigilance. Il a repris sa route au lever du jour. A 140° du vent, mon loch passe souvent la barre des 10 nœuds. Les vagues ont du mal à me rattraper. Nous parcourons ainsi 220 milles en 24 heures, mon record personnel ! Dans sa course journalière, le soleil ne passe ni par le nord ni par le sud : il se lève dans mon sillage, passe par ma tête de mât à midi et se couche dans les étraves.
Nous approchons des Marquises. Au petit jour, l’île est visible dans les étraves. Une bande de dauphins nous accompagne le long de la côte. Je mouille mon ancre à 13 heures en baie de Tahauku. Nous avons navigué pendant 26 jours et 10 heures. La vitesse moyenne a été de 5,90 nœuds. Ce qui a permis au capitaine de bien manger et de bien dormir. Devant nous, un nouveau monde est à découvrir : la Polynésie, paradis des marins."

Yves, à bord de Free Lance
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