JaJapami

Cochin, Kerala et autres trésors des Indes

Sur les routes du monde, de l’Asie à la Mer Rouge, seuls quelques voiliers font le choix de s’arrêter en Inde. Jajapami est resté quatre semaines à Cochin et a pu y faire faire quelques travaux.

JaJapami

Publié le 17/05/2024

Par Gilles Ruffet

Numéro : 225

Parution : juin / juil. 2024

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Qui : Jana, Jan-Dirk, Paul et Michel
Où : Cochin, Inde
Multicoque : Saba 50, à propulsion électrique
Blog : jajapami.blog

Dans chaque nouveau pays, il faut prendre ses repères, avant de procéder aux approvisionnements et à l’entretien du bateau, toujours plus urgents qu’un contrôle chez le dentiste ; et avant même de pouvoir prendre rendez-vous, il faut déjà repartir. A Cochin, nous avons pu faire bien plus que consulter un dentiste ou un optométriste. Depuis longtemps, nous voulions faire refaire de nouveaux coussins pour le cockpit du haut, ils étaient bons à jeter, cuits par le soleil. Nous avons trouvé du tissu de qualité, ce qui n’a pas été le cas pour la mousse étanche, à cellules fermées. Alors nous avons trouvé une solution. Le cockpit du bas est désormais équipé de coussins réalisés avec de la mousse « normale », et en haut, dans de nouvelles housses, nous avons réutilisé les anciens coussins du bas, en mousse étanche. L’effet est génial ! JaJapami est à nouveau superbe et presque comme neuf ! Il nous fallait aussi trouver une voilerie. Les deux grandes voiles de petit temps s’étaient déchirées au cours des six derniers mois, et nous en aurions absolument besoin pour notre dernière grande traversée, l’océan Indien. Aujourd’hui, la plaisance est à peine développée en Inde. Il n’existe qu’une seule marina dans tout le pays et on n’y trouve aucun service spécifique à la plaisance. Après de nombreuses recherches, Jan-Dirk a pu trouver à Bombay une voilerie renommée à qui nous pourrions envoyer nos voiles. Par contre, il nous a demandé de retirer toute trace de sel avant de les expédier. Ce qui n’a pas été une mince affaire ! Le Wingaker mesure 180 m2 et le gennaker 150 m2. Il a fallu trouver un endroit pour les étaler, avec un point d’eau. Au final, tout s’est bien passé et les deux voiles sont propres, réparées et prêtes à être réutilisées. Nous avons également fait faire un travail sur un plexiglas, fait entretenir le moteur de l’annexe, et une équipe de plongeurs a soigneusement nettoyé notre coque avant notre départ. Le tout à des prix très corrects. Les recherches d’équipiers ont aussi pris beaucoup de temps ! Il est assez peu courant de se rendre en Inde pour trouver un embarquement à bord d’un voilier, avec en prime la menace des pirates somaliens et des Houthis agressifs ; ça n’est pas une traversée pour tout le monde. Nous nous sommes même demandé si nous trouverions quelqu’un, ou si nous devrions le faire seuls. Bien sûr, cela aurait été possible, mais c’eût été fatigant, et aux dépens des garçons, car nous n’aurions fait que veiller, dormir, cuisiner, et manger. Pour notre dernière grande traversée, nos aspirations étaient différentes. Finalement, nous avons trouvé Tomas, un Tchèque qui vit à Taiwan. Sauvés ! Mais ça n’était toujours pas optimal à trois. J’ai continué à chercher, jusqu’à rencontrer Amrutha et Sreenath. Tous deux vivent à Cochin, et cherchaient depuis longtemps une opportunité de naviguer sur un voilier. Ils auraient pris l’avion pour l’Europe pour une opportunité comme celle-ci, et voilà qu’ils la trouvaient à leur porte. Quelle coïncidence ! Finalement, nous avions non seulement trois membres d’équipage titulaires, mais également un aspirant capitaine de cargo, Sreenath, qui avait déjà traversé la mer Rouge. Cela n’aurait pas pu mieux se terminer. Et je ne veux même pas vous dire combien il s’est avéré pratique d’avoir un équipage indien en Inde. Il a fait chaud à Cochin, avec beaucoup de moustiques, la marina avait sans doute par le passé connu des jours meilleurs, mais nous la choisirions toujours comme escale parfaite avant d’entrer dans la mer Rouge !