Kumbaya

En direct depuis l’océan Atlantique

Alors qu’elle naviguait entre Cap-Vert et Antilles, Juliette, à bord de Kumbaya, nous a fait partager son quotidien en mer.

Qui : Juliette, Hubert et leurs 4 enfants : Louise, 11 ans, Agathe, 8, Paul, 6 et Bertille, 3
Où : Au beau milieu de l’océan Atlantique
Multicoque : Nautitech Open 46
www.laventuredekumbaya.com


 

C’est parti pour mon quart. Sortir dehors, s’attacher, observer les étoiles, les vagues, l’écume qui blanchit dans la nuit ; surtout les nuits sans lune où l’obscurité profonde est presque effrayante. Vite, rentrer, se caler pour lire quelques pages, s’assoupir, se réveiller, refaire un tour, se poser, écrire le livre de bord, étudier la route, se rendormir, se réveiller, régler les voiles dans ce vent d’est qui nous pousse vers le nord. Le cap me conduit vers Cuba, la Floride, les Bermudes, et de temps en temps Montréal. Les vagues s’amusent avec le bateau. Pour lutter contre le sommeil, je commence un pain, dans la pénombre et sans faire de bruit, à la lueur d’une lampe de poche ; il est 4h, l’heure du boulanger, non ? Je lis de nouveau pour m’endormir, sors prendre l’air, scrute l’horizon : rien, personne, pas de lumière. Juste les vagues, l’écume, les étoiles, le vent et le plancton fluorescent. Au petit matin, les enfants sortent un par un de leur cabine, ajoutant leurs rires et leurs jeux, effaçant le calme de la nuit. La journée passe vite, entre la préparation des repas, des gâteaux, les siestes et les jeux interrompus par la canne qui se décide à nous offrir une belle daurade coryphène. Cela fait déjà une semaine que nous sommes partis. En vue de notre « confinement » sur l’Atlantique, nous avons dévalisé tout le Cap-Vert de ses œufs et de sa farine, pour pouvoir tenir. Ici, le pain est bon. Mais, avant de le déguster, il faut de bon matin récolter tous les poissons volants qui ont atterri sur le pont et le trampoline. Et puis il y a l’école à bord, c’est comme l’école à la maison : un enfant en culotte qui colorie un sapin de Noël par 28°C, le second en pyjama fait de la géométrie par 3 mètres de houle, le troisième, habillé, a l’air à peu près concentré. Quant au quatrième, il a décrété qu’il ne voulait pas travailler, mais il a quand même compris que ça serait bien de savoir lire pour déchiffrer les noms des bateaux copains à l’AIS. Au moins, il saura naviguer. On se régale, comprenez : daurade au four, daurade en brandade, daurade en lasagnes, pâtes à la daurade, rillettes de daurade. Et pour varier, on refait les mêmes, mais à la bonite.

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