Lady’t Bee

Vol de hors-bord sur le quai

Sans cadenas, les risques pour un moteur – même ancien – de quitter à jamais le tableau arrière de l’annexe semblent importants…

Qui : Malou et Dominique
Où : Martinique
Multicoque : Leopard 474 PC transformé
Blog : www.domi.voyagedenzo.com


 

C’est ballot, un moteur qui ne fonctionne plus. D’autant plus que notre fille arrive ce soir. Par bonheur, nous avons acquis, suite à une précédente défaillance, un modeste teuf-teuf deux-temps. Cette rustique machine aussi pétaradante que polluante attend dans un coffre depuis bientôt deux ans. Voici donc venu le moment de sa revanche ; la bécane en question n’ayant encore jamais eu l’honneur de mouvoir notre super annexe catamaran, quelques ajustements s’avèrent nécessaires. Pout, pout, pout, le pétaradant ustensile japonais pousse l’annexe jusqu’au quai. Je me hâte de mettre en place le câble antivol. A peine suis-je grimpé sur le quai qu’un genre de flash psychédélique me frappe instantanément et me tétanise : « J’ai oublié la clé ! » Nous avons prévu un dîner au restaurant. Galvanisé par ce coup du sort, je sectionne moi-même le câble, après seulement un quart d’heure de malaxage hystérique, grâce à mon merveilleux couteau suisse. L’annexe est libérée. Sonne l’heure des embrassades, retrouvailles et rigolades heureuses. Il ne peut plus nous arriver grand-chose. Nous dînons dans la joie et la bonne humeur. Sur le chemin du retour, un petit «lolo» dans le plus pur style antillais vient à nous tenter. Un petit rhum vieux, dégusté sous les parasols, au son de sympathiques musiciens locaux, achève de nous combler. Les filles me précèdent, quand soudain la voix de Malou déchire la nuit : « On nous a volé le moteur ! ». Elle sait parfois être taquine, surtout quand elle estassociée à notre grande chipie qui n’est pas la dernière pour les plaisanteries à incidences variables. Heureusement, on ne nous a pas piqué les avirons. Notre fille, qui sait trouver les bons mots pour faire preuve de philosophie, conclut : « Mais, Papa, c’est une vraie chance pour toi. Tu ne l’as jamais aimé, ce moteur. » La mienne, de conclusion, je vais l’emprunter à Georges Brassens, mon poète préféré : «Monte-en-l’air, mon ami, que mon bien te profite ! Et ne te crois surtout pas tenu de revenir. La moindre récidive abolirait le charme, laisse-moi, je t’en prie, sur un bon souvenir. »

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