Plume

Escale d’un autre temps à Cuba

Nous avions l’an dernier laissé l’équipage familial de Plume en Amazonie. Les voici à Cuba, à la découverte de Marea del Portillo, un petit village en bord de mer, et de nombreuses îles désertes.

Plume

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Publié le 27/09/2024

Par Gilles Ruffet

Numéro : 227

Parution : oct. / nov. 2024

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Qui : Flo, Lili et leurs trois filles
Où : Cuba
Multicoque : Athena 38 de 1997
Facebook : @voyage.de.plume

Notre arrivée se fait à Santiago de Cuba, où l’un de nos premiers contacts à terre est un parc de jeux tout droit sorti de l’ère soviétique. Ici, le temps semble vraiment s’être arrêté, comme en témoigne cet escalier complètement rouillé et percé menant à des toboggans en béton qui descendent abruptement. Ou encore ces douzaines de balançoires à bascule semblant attendre depuis trop longtemps une horde d’enfants qui ne viendra plus. Un peu plus à l’ouest, nous avons un vrai coup de cœur pour Marea del Portillo, petit village en bord de mer. Nous y passerons des moments inoubliables, avec notamment des balades à cheval sur les contreforts de la Sierra Maestra, les montagnes où Fidel Castro, le Che et leurs frères d’armes ont commencé la révolution cubaine. Nous y sympathisons également avec un Cubain qui cultive ses propres caféiers, en cueille les cerises, les torréfie, les moud et te fait alors instantanément oublier tous les cafés que tu as bus jusque-là pour ne te rappeler que celui-là. George Clooney devrait venir faire un tour ici, à mon avis... Puis chaque soir, la plage est le rendez-vous des enfants du village qui viennent se rafraîchir dans l’eau. Et comme nos filles sont des enfants, elles ne dérogent pas à la règle : ici, il est tout naturel de se baigner à dos de cheval. Pour notre part, nous faisons partager aux enfants cubains les joies du paddle tiré derrière l’annexe. Nous quittons Marea del Portillo avec un petit pincement au cœur, mais le catamaran chargé de fruits et légumes (notamment trois régimes de bananes, 45 kilos, soit environ 400 bananes que nous avons bien essayé de refuser, mais l’on sentait bien que c’était impoli). On essaye toutes les recettes de bananes que l’on peut. En salade, en gratin au fromage, en gâteau (neuf au total, et en triplant les quantités annoncées). Quand les bananes sont vertes et cuites, c’est bluffant comme on jurerait de la pomme de terre. On s’est bien régalés, même si l’honnêteté nous pousse à avouer qu’on ne refera pas certaines des recettes. Il y a moult endroits fabuleux à Cuba qui, on a trop souvent tendance à l’oublier, est également constitué de milliers d’îles et îlots paradisiaques, dont la plupart sont déserts ; comme celui avec cette épave fantomatique pouvant nous laisser imaginer encore mille histoires extraordinaires. Ou ce phare de 55 mètres dont les gardiens permanents se relaient tous les mois pour l’entretenir, l’allumer, l’éteindre et tous les matins remonter à la manivelle un poids qui, en redescendant au milieu de la cage d’escalier, entraîne la rotation de la lentille pour prévenir les navires du danger de ce rocher perdu. Et quelle émotion d’aller observer la nuit les tortues de mer venir pondre sur les plages ! Fidèles à nos habitudes, nous continuons à chercher à sortir des sentiers battus, à aller où les autres ne vont pas pour retrouver un véritable et authentique contact humain. Nous voici donc à tenter de rejoindre des habitations isolées en remontant un semblant de fleuve, bien évidemment non cartographié, puisque personne ne vient là. Nous nous retrouvons donc à un moment coincés dans un banc de vase sans arriver à en trouver un point de passage, et au milieu des flamants roses marchant à côté en se demandant ce qu’un voilier fait là. C’est alors que Flo demande depuis le poste de barre : « Le proverbe breton dit “Quand les goélands ont pied, il est temps de virer”. Mais pour les flamants roses, ça dit quoi ? » Nous finissons par passer dans un sillage de boue…