Ratatouille

La magie de la première fois

Première grande traversée, première nuit de navigation, premier apéro au large, premier coucher de soleil en pleine mer, premier ciel étoilé au cœur de la Méditerranée : pour l’équipage de cet Astrea 42, mettre le cap vers la Corse est une véritable traversée initiatique.

Ratatouille

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Publié le 03/12/2022

Par Gilles Ruffet

Numéro : 216

Parution : déc. / janv. 2023

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Qui : Alma, Bianca, Victoire, Constance, Amicie et Matthieu
Où : Corse
Multicoque : Astrea 42
Blog : www.milkandboat.com

Nous quittons Nice en direction de la Corse. Je partage ma cabine avec Alma et Bianca. Constance dormira avec Victoire. Matthieu s’endort sur la banquette du carré à la fin de son quart, pendant qu’Hervé somnole avant de prendre à son tour le sien. Avant de s’endormir, les filles me demandent si, une fois arrivés en Corse, nous pourrons quand même sortir du bateau. Notre arrivée est prévue à Saint-Florent au petit matin. Je me couche sereine et surexcitée par ce que l’on est en train de vivre. Cette traversée fut un moment hors du temps : nous avons vu une baleine, des dauphins et une tortue, nous nous sommes baignés en pleine mer au milieu de rien. Elle restera pour moi le souvenir de ma première traversée, mais avant tout, le souvenir d’une fabuleuse épopée. Nous mouillons devant l’anse de Fornali. Nous y passerons plusieurs jours, puis à Saleccia, une somptueuse plage : sable blanc, mer bleu turquoise transparente, le paradis ! Nous arrivons dans l’après-midi devant le village de Cagnano, à l’est du cap Corse. Les montagnes sont verdoyantes, les habitations presque inexistantes, baie limpide, mer d’huile et transparente, c’est, pour moi, notre beau mouillage depuis le début de notre aventure. J’apprends la vie de marin : je me suis brûlée trois fois au bras gauche avec le four, je me suis coincé le doigt dans le frigidaire qui s’est refermé violemment sur ma main, enfoncé un bout de verre dans le pied après avoir cassé le douzième et dernier verre du bateau, et cogné le tibia en trébuchant sur une marche à cause d’une vague. J’espère à l’avenir réussir à anticiper les mouvements du bateau pour ne pas revenir complètement cabossée de cette année sur Ratatouille. Nous avons eu encore quelques péripéties, le fameux dicton : « un problème à régler par jour » : nous avons broyé la télécommande du guindeau, cassé une pièce sur l’emmagasineur de gennaker, et toujours pas réussi à réparer notre feu de mouillage. Et au moment où j’écris cette phrase, Alma vient de démonter la lampe de sa cabine à force de jouer avec…

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