L’œil du photographe

Nous voilà mouillés dans deux mètres d’eau, dans un fond sableux et strié par le temps et les vagues. Un peu comme si nous étions en apesanteur. Fin août, les baleines à bosse sont entrées dans l’archipel des Chesterfield. Nous les côtoyons quotidiennement et étudions leur comportement au fil des jours. Avec mon kayak, je pars à leur rencontre. Elles semblent assez loin, un mille ou deux, mais de cette manière, je peux les approcher sereinement sans les effrayer. Ils sont trois mâles, ils se pavanent dans le tombant sableux, ils semblent assurer la protection du lieu : les baleineaux peuvent apprendre à respirer tranquillement.

Je me retrouve au milieu de l’atoll. Tout à coup, je suis désemparé : les trois géants s’approchent de moi et me tournent autour. Je me sens minuscule, mais je sais aussi que je ne crains rien. Doucement, je m’immerge dans l’eau, et ils sont là, majestueux, imposants. Paradoxalement, leur présence me procure alors une grande sérénité. Et voilà qu’ils disparaissent dans le liquide bleu.