
Numéro : 186
Parution : Décembre / Janvier 2018
- Tarif au numéro - numérique : 6.50€Magazine numérique
- Tarif au numéro - papier : 7.90€Magazine papier
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John est un passionné. Comme tout passionné, il a souvent ses excès, et sait même faire preuve d’une certaine mauvaise foi. Mais, s’il préfère parfois regarder la paille dans l’œil du voisin, plutôt que la poutre qui est dans le sien, c’est en toute conscience et pour le bien commun. Alors, à chaque numéro, il nous a promis un coup de gueule. Il paraît qu’il en a en stock !
Tout est parti d’une simple suggestion d’article formulée par un couple de lecteurs de longue date, devenus amis, rêvant comme nous tous de grand départ. Et comme, entre bons amis, on se parle franchement, mon sang n’a fait qu’un tour. Oui je sais, je suis un peu sanguin. Et avec un peu de recul, certaines questions sont légitimes, mais le début m’a tout de suite emporté : "Que faut-il faire, ou pas, d’un point de vue sécurité : équiper le bateau de caméras ?" !
Des caméras de surveillance à bord d’un bateau de plaisance ! On aura tout vu ! On m’avait déjà fait le coup des alarmes, bien sûr, comme au bureau ! Je manque de m’étrangler chaque fois que j’entends parler de barreaux aux hublots ! C’est pour empêcher d’entrer, ou de sortir ? Et le désespoir me gagne quand certains envisagent encore d’amener des armes à bord… R.I.P. Peter Blake ! Le comble de la bêtise revient cependant à ce propriétaire d’un joli catamaran de 45’ qui voulait électrifier ses filières pour ne pas que des "sauvages" montent à bord la nuit. Je caricature un peu la raison de sa folie, mais l’intention était bien là. Je l’ai sorti manu militari de la voilerie pour laquelle je travaillais à l’époque ! A mes amis, et bien qu’ils aient réussi à me mettre de mauvaise humeur pour la soirée, j’ai répondu avec un peu plus de légèreté : "Vous transportez des lingots d’or ou des Gauguin ? Par pitié, si vous partez en bateau, profitez-en pour laisser vos névroses à terre !" Je crois qu’ils ont compris le message.
Sans faire d’angélisme stupide, je n’en peux plus de ces demandes de matériels de sécurité, transposition de nos peurs de sédentaires, alimentées par des informations anxiogènes. Oui, il y a des risques partout. Mais plutôt moins (euphémisme) dans un mouillage perdu au bout du monde que dans votre rue de citadin. Partir en grande croisière, autour du monde, c’est découvrir d’autres pays, d’autres cultures, d’autres religions. C’est s’alléger, s’ouvrir, écouter plus, donner plus, consommer moins, ralentir son rythme, faire preuve d’un peu d’humilité. Alors, la meilleure sécurité, c’est déjà sans doute un peu de discrétion. Eviter les signes ostentatoires, du moteur d’annexe rutilant et vrombissant, aux appareils électroniques dernier cri (appareils photo, tablettes, ordinateurs, téléphones portables…) portés en étendards ! Quelques billets et doubles de papiers mal cachés en forme de leurre. Acheter des produits locaux. Se passer de spots sous-marins (quelle utilité, au fait ?) et éviter de transformer son gréement en arbre de Noël (cette manie des éclairages de barres de flèches !), c’est attirer moins les regards comme les envies.
Sujet connexe à mon goût, il me revient en mémoire une intervention d’un autre ami cher à la rédaction, Jimmy Cornell, il y a quelques années, lors d’un séminaire. Il racontait avoir toujours un costume à bord de ses bateaux, pour aller effectuer ses démarches administratives (douanes, immigration…) dans les pays ...
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